L’Homme-dé
Luke Rhinehart

New-York. 1971. Un jour, le psychiatre Luke Rhinehart, alter-égo de l’auteur, décide de ne plus suivre les règles tacites de la société dont découlent la cohabitation pacifique entre individus, mais bien souvent aussi, pense-t-il, leur profonde détresse. Pour cela, il trouve une solution simple : s’en remettre aux dés.
À chaque chiffre correspond une possibilité, une loi morale à suivre sur une hésitation précise ; coûte que coûte, il suivra dorénavant le choix du dé. Dès qu’il a une décision à prendre, que ce soit pour lui, sa femme, ses enfants, et surtout ses patients, il ne choisit pas et jette les dés qui décident pour lui.
Quelles qu’en soient les conséquences.

Dès ma première lecture, j’en étais convaincu. Ce livre contient tout ce pourquoi j’aime faire du théâtre. En Angleterre, pour les pièces de Shakespeare qu’on ne peut classifier, on parle de « pièces à problèmes », car elles renvoient dos à dos artifices de la tragédie et de la comédie. L’Homme-dé est donc un livre à problèmes. Et quand il y a problème, il y a souvent théâtre. Après Corneille, Racine et Sénèque, j’ai envie de continuer à creuser cette frontière des genres. Mais pas que. Dans les deux Bérénice, que j’ai montées en un seul spectacle, j’avais commencé une exploration sur le couple et l’amour, L’Homme-dé la continuera en essayant d’explorer la complexité des rapports amoureux et leurs potentiels tragiques.
J’ai envie de savoir jusqu’où peut-on aller par amour et, surtout, jusqu’à quand peut-on encore parler d’amour ? Avec les tragédies de Sénèque, j’avais commencé une exploration sur la force écrasante du destin, L’Homme-dé la continuera en fouillant l’impact de nos croyances et de nos moeurs sur notre besoin de consolation. Peut-on vraiment échapper au destin quand on a besoin de jouir, d’aimer et d’être aimé ?
Et puisque la scène de théâtre est le lieu par excellence où on cherche à maîtriser le hasard, j’y ferai jouer aux dés.

Résidences et sorties de résidence
03.02.23 – Session de ratage – Théâtre 13
18.11.22 – C’Le Chantier – Centquatre-Paris